Libérer sa fin de vie – UN DROIT– Message aux législateurs
Cela fait plus de 40 ans que les citoyens Français considèrent (plus de 80%) qu’une loi sur la fin de vie doit leur permettre d’envisager avec sérénité le passage de la vie à la mort. 184 citoyens tirés au sort illustrant la diversité de la société Française, entre 2022 et 2023, se sont prononcés à 76,8 % pour une législation permettant l’accompagnement actif de la fin de vie. Historiquement le médecin dans sa relation privilégiée de soins a toujours accompagné ses patients afin de leur garantir une sérénité dans cette phase de vie à laquelle ils feront face un jour. Aujourd’hui la société interdit cette liberté entre soignant et soigné en dictant des règles inadaptées qui engendre une anxiété et des souffrances inacceptables lors du passage de la vie à la mort.
Malgré la loi qui doit garantir le respect de la volonté de la personne en matière de soins (loi Kuchner de 2002), les lois Léonetti en 2005 et Léonetti-Clayes en 2016 qui refusent l’obstination déraisonnable et autorisent la sédation terminale profonde et continue jusqu’au décès, interdisent le respect de la volonté du patient en dictant des règles qui garantissent aux autorités médicales le contrôle de la fin de vie. Le seul droit opposable est le refus de soins ce qui laisse le patient devant un gouffre face à la mort.
La législation voté au Parlement en 2025 et en cours de discussion au Sénat nous propose, sous des conditions inadaptées aux situation de fin de vie, l’autorisation d’un accompagnement du médecin. Lui seul, sous le contrôle d’une instance de surveillance et ayant obtenu l’aval d’une décision collégiale, peut décider d’accorder cet accompagnement. Il doit se déclarer comme volontaire de tels accompagnements auprès des autorités au préalable. Il doit s’assurer que TOUTES les conditions suivantes existent :
1 - Le patient doit être âgé d’au moins 18 ans
2 - Le patient doit être de nationalité Française ou résider de façon stable et régulière en France
3 - Le patient doit être atteint d’une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale
4 - Le patient doit présenter une souffrance physique ou psychologique liée à cette affection, qui est soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne lorsqu’elle a choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter de recevoir un traitement
5 - Le patient doit être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée
Si les deux premières conditions peuvent être en général acceptables (sauf cas d’accident d’un visiteur étranger, ou mineur atteint de mucoviscidose par exemple), les trois dernières conditions démontrent une méconnaissance irresponsable de la réalité de la fin de vie.
Il n’y a pas de définition « affection grave et incurable » pour laquelle les praticiens proposerait une définition légale. Cela est vrai aussi pour les notions « pronostic vital, phase avancée ou terminale ». Chaque cas est spécifique, contextuel et sujet à interprétation. La vie est un processus où le pronostic vital est engagé, c’est une condition terminale et le processus de vie est une affection grave et incurable. Ce critère 3 est donc inadapté car sujet à interprétation diverses et de plus ne respecte pas la volonté du patient garantit par la loi.
La souffrance physique ou psychologique est définie par la loi comme relevant de la décision du patient et non pas du soignant. Qui établit le lien avec « cette affection » indiqué dans le texte ? Ce qui est inacceptable est que le patient doit avoir choisi de « ne pas recevoir ou d’arrêter de recevoir un traitement ». La loi garanti le traitement de la douleur même si on refuse un traitement (exemple la chimiothérapie). Donc si on ne veut pas souffrir on ne peut bénéficier de l’assistance à mourir ?
La capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée n’appartient qu’à ceux qui prennent la décision de terminer leur vie alors que la maladie ou la vieillesse leur permettrait encore de vivre. Vivre en toute sérénité si ils étaient certain d’une aide au moment ou les critères de qualité de vie que chacun définit pour sois-même ne sont plus acceptables. Et que dire des situations d’accidents (accidents de la route, accident cérébrale ou de tout autre fonction vitale) ? Seul la Personne de Confiance, dans ces cas et les cas d’Alzheimer ou de pertes cognitives, peut exprimer la volonté murement discutée et réfléchie du patient. Le législateur actuellement demande au médecin d’écouter la Personne de Confiance mais ne lui donne aucune autorité légale. Le rôle de la Personne de Confiance est de fournir à la profession médicale un interlocuteur compétent capable d’exprimer la volonté du patient. Ceci permet au professionnel de rester dans son rôle de sachant professionnel et non pas d’avoir le pouvoir inadapté de vie ou de mort du patient.
Les membres de l’Association qui Accompagne la Volonté de l’Individu à Vivre dans le Respect de son Ethique (AAVIVRE1) considèrent qu’une législation adaptée doit :
A - s’intégrer dans l’ensemble des ACTES MEDICAUX IRREVERSIBLES2, en suivant un protocole qui garantit les droits du patient, les droits du soignant, le devoir de protection de la société
B - protéger les acteurs de l’accompagnement de fin de vie et tous ceux qui réalisent des actes médicaux irréversibles car la médecine est un ART et non pas une SCIENCE. La médecine est l’art d’interpréter pour le patient les options de meilleurs traitements possibles actuellement disponibles grâce à la science. Protéger les acteurs en instituant un protocole légale éliminerait la majorité des contentieux qui coutent très cher à la société, aux médecins et aux patients.
C - instaurer un contrôle à postériori permettrait d’améliorer les pratiques, d’établir des données utiles aux décisions et de garantir que le protocole des actes médicaux irréversibles est suivi.
La législation sous étude actuellement reprend certaines des recommandations énoncées depuis 10 ans par AAVIVRE. Si nous soutenons le fait que la société doit s’assurer de la protection des personnes en situation de fin de vie, nous estimons que les soins palliatifs, qui occupent la plus grande partie de cette législation, ne sont qu’une option d’étape de soins vers la fin de vie. Nos citoyens veulent « mourir debout », chacun de sa manière, chacun au moment qu’il décide et sur la base de sa propre éthique de vie. Nous ne choisissons pas de naître (c’est nos parents depuis leur lutte pour l’IVG) mais nous devons avoir le DROIT de décider de nos fin de vies.
Actes Médicaux Irréversibles : liste d’actes médicaux établis par la HAS sur la base du critère que ces actes changent irrémédiablement la qualité ou les modalités de vie de la personne. Cette liste est revue annuellement et un protocole identique pour tous ces actes est établit.